Les années devant moi seront moins peuplées que celles qui sont derrière. C’est une grande question que de savoir à quoi les consacrer quand on bénéficie encore, comme c’est mon cas, du loisir d’une retraite et pour l’instant d’une bonne santé.
C’est une grande question, mais je ne me la suis finalement pas posée. J’ai décidé de continuer comme avant, comme si de rien n’était : dans mes relations avec mes enfants et petits enfants, avec ma compagne ou mes amis. Je continue aussi, lorsqu’on me le demande et que je suis disponible, à intervenir comme médiateurs dans des conflits au sein d’équipes de travail ou comme conseil sur les conditions de travail. Et je continue à cultiver mon jardin culturel : lire, voir, apprendre, exercer ma curiosité, écrire. Je me suis ainsi lancé, il y a trois ans de cela dans l’apprentissage du Chinois en espérant pouvoir un jour lire Confucius ou Lao Tseu dans le texte.
Cette ambition m’a quitté, ma mémoire n’ayant plus la vivacité de ma jeunesse, mais pas celle néanmoins de progresser. Une manière aussi de lutter contre la sénilité : plutôt murir que mourir à l’humanité qui est encore la mienne.