
Voici une sixième lettre, écrite depuis Reims avec quelques anecdotes ou réflexions que je n’avais pas eu le temps de mettre en forme.
Bonne lecture !
Est-ce que tu as mangé ?
C’est une phrase de salutation traditionnelle employée par les Chinois : 你吃饭了吗 Nǐ chīfàn le ma ?Elle est curieuse, peut-être unique dans la sphère mondiale des salutations. Une sorte de « Comment vas-tu ? », ciblé sur la condition même de la vie : si tu as mangé, alors on peut parler du reste. Enfin, c’est ainsi que je comprends cette phrase d’accueil, tellement étrange pour moi.
Manger pourrait bien être une obsession chinoise, à voir le nombre de commerces alimentaires, restaurants et stands d’en-cas à déguster en marchant que l’on rencontre un peu partout. Dans certaines rues touristiques, le soir, ça peut friser la folie.
Il existe un critère simple pour savoir si un peuple est gastronome : si en arpentant pendant un kilomètre les rues d’une de ses villes, vous n’êtes passé devant aucun restaurant de cuisine locale, alors ce pays n’a pas de tradition culinaire. A l’aune de ce critère, la Chine est probablement championne du monde. Elle le revendique d’ailleurs d’une certaine manière en consacrant une galerie entière à « Cinq mille ans de cuisine chinoise » dans l’immense Musée National de Pékin. Très bien faite, cette exposition explique comment s’est construit au fil du temps la culture culinaire chinoise. Elle l’a fait remonter au moment où l’eau et le feu, considérés jusqu’alors comme incompatibles, ont trouvé leur harmonie dans la cuisine grâce à une fine membrane d’argile les séparant et permettant divers modes de cuisson, puis elle en explore la construction, au fil des dynasties : les recettes de cuisine, dont les plus anciennes traces sur des bandes de bambou remontent aux Han occidentaux (206 avant JC – 9 après JC), les rituels et étiquettes associés aux repas, l’élaboration progressive de la cérémonie du thé, le développement de l’esthétique des ustensiles utilisés, l’intégration de pratiques culinaires d’autres nationalités présentes dans l’Empire, etc.
On y apprend même qu’on a retrouvé dans la province de 青海 Qīnghǎi [1] un bol de nouilles de millet vieux de 4 000 ans ! On ignore comment elles ont été fabriquées, mais il fallait pour qu’elles le soient que soient maîtrisés le battage, la mouture et le moulage des céréales.
Chaque région chinoise a ses traditions, fondées sur des ingrédients et des techniques locales. Au nord, on utilise le blé comme base alimentaire et le riz au sud. Les Chinois distinguent 八大菜系 bā dà càixì, huit grandes écoles régionales de gastronomie : Sichuanaise, Cantonnaise, Shandongaise (une province située à 400 km au sud de Pékin [2]), Jiangsuaise (le Jiangsu est la province qui entoure Shanghai), etc. La plus connue en France est celle de Canton car la grande majorité des immigrés Chinois viennent de cette région. Elles ont chacune leurs caractéristiques propres. Par exemple, la cantonnaise est réputée pour ses plats délicats et sa cuisson rapide, mettant en valeur la fraîcheur des ingrédients alors que la sichuanaise est très relevée, utilisant généreusement piments et poivre du Sichuan au goût corsé.
Après quatre mois passés en Chine, je me sentais presque autant désarmés qu’aux premiers jours face aux multiples propositions de plats dans les menus. Je peux certes maintenant repérer les ingrédients majeurs : viande, nouille, ravioli, légume, riz… Mais beaucoup de plats ont des dénominations qui leur sont propres et ne disent rien de ce qu’ils contiennent. Par exemple, une des spécialités du Yunnan était les过桥米线 Guò qiáo mǐxiàn. Ca signifie « nouilles qui traversent le pont ». Avec ça vous êtes bien avancé… En fait, c’est une soupe dans laquelle on verse soit même les ingrédients et les nouilles de riz à la fin. Une curiosité locale plutôt qu’un grand plat.
Dans les faits, je privilégiais les restaurants qui affichaient des photos et Oh trahison, il m’est arrivé deux ou trois fois d’aller dans une pizzeria et même un MacDo ! J’avoue qu’en matière alimentaire, je n’ai pas de passion chinoise. Dioni, elle, ça l’intéressait bigrement. Elle essayait plein de choses différentes, demandait à Shi le nom des plats et les apprenait par cœur – un petit dictionnaire de plus à mémoriser – un de trop pour moi. Dans les rues, elle s’arrêtait souvent devant un stand et commandait un plat fait sur place, salé ou sucré, pour goûter.
Nous sommes allés ensemble, pour mon dernier jour à Kunming goûter ces fameuses nouilles qui traversent le pont.
Dans la cuisine chinoise, l’esthétique des présentations compte autant que les saveurs !
Biang, une syllabe qui a du caractère
Ce plat de pates très larges que j’ai pu manger à Xi’an est célèbre, non pas à cause de ses qualités gustatives, mais de son caractère. Il s’appelle biángbiáng miàn. C’est facile à prononcer, mais pas à écrire. C’est le recordman des caractères chinois (汉字 hànzì) en nombre de traits nécessaire pour le former. Le voici dans toute sa splendeur :
Le caractère traditionnel comportait 57 traits, le simplifié – si l’on ose dire -, 42 !
C’est le paradoxe de la langue chinoise : elle est oralement très concise ; en peu de syllabes, elle peut dire beaucoup de choses. Mais pour l’écrire, il faut un temps infini et beaucoup de finesse dans l’exécution car les caractères, quelques soient leur nombre de traits, doivent tenir dans le même carré virtuel. Pas étonnant qu’ils aient découverts les premiers l’imprimerie : il y avait urgence !
En revanche, en lecture, ils vont plus vite que nous car, avec l’habitude, ils reconnaissent globalement et instantanément chaque caractère.
Un monde hiérarchisé
Les exemples s’accumulant, l’esprit classificateur et ordonnateur de la mentalité chinoise me sont apparus de plus en plus nettement.
Le premier signe, le plus évident, se trouve dans la langue chinoise elle-même. Toute chose matérielle (objet, personne, animal…), dès lors qu’il s’agit de les compter, doit être précédé d’un classificateur ou mot-mesure. En français, nous en utilisons, mais beaucoup plus rarement et sans le savoir. Morceau, grappe, bouquet, sac, paire sont des classificateurs. Nous disons deux paires de chaussures, trois morceaux de bois, un bouquet de fleurs… Ce matin, en marchant dans la rue à Reims, un gamin, grammairien en herbe, m’en a appris un auquel je n’avais jamais pensé en criant : « Eh papa, là où je viens de passer, y avait une grosse crotte de caca » : une, le nombre ; crotte, le classificateur ; caca, l’objet…
Mais en chinois, toutes les choses, sans exception, s’en voient attribué un. Il en existe plus d’une centaine qui correspondent vaguement à leurs formes. Pour les animaux, j’en connais au moins quatre : 只 Zhǐ pour les chiens, les chats, les oiseaux, les lapins, les moutons, les girafes…条 tiáo pour les poissons, les serpents, les insectes… 头 tóu pour les gros animaux, l’éléphant, la vache, le lion … et 匹 pǐ pour le cheval ; pour les vêtements, deux : 件 jiàn pour les hauts, chemise, pull, polo… et 条 tiáo pour ce qui est long, les pantalons, les jupes, les robes, etc. C’est une des étrangetés de la langue chinoise.
Mais, cet esprit ne se niche pas que dans la langue. Ainsi, j’ai découvert qu’en Chine, les villes étaient classées par rang. Dans le premier (一线 Yīxiàn), on en trouve quatre (Pékin, Shanghai, Canton et Shenzhen) ; dans le deuxième, figure par exemple Kunming, Chengdu, Xi’an ; dans le troisième, Guilin, etc.
Dans les musées, les reliques sont également classées selon leur degré de rareté ou d’importance. Ainsi, le diesel Michelin dans le musée du chemin de fer du Yunnan est de 1° classe, alors que le TGV placé à ses côtés est dans la 3° (voir « Une histoire française qui a laissé des traces » dans la cinquième lettre). Les musées eux-mêmes sont catégorisés ainsi que les poètes, les peintres ou les calligraphes selon la valeur de leur œuvre, etc.
Ces classifications sociales sont donc en même temps une hiérarchisation. C’est une logique qui parait aussi dans la langue. Ainsi pour les personnes, le classificateur universel est 个 Ge, mais pour celles qui sont importantes, que l’on se doit d’honorer, on doit en utiliser un autre 位 Wèi.
A l’époque de l’Empire, Pékin était une ville horizontale car aucun bâtiment ne devait dépasser ceux de la Cité interdite. D’où les 胡同 Hútòng, ces ruelles aujourd’hui pour la plupart disparues desservant des bâtiments uniquement en rez-de-chaussée.
Cette hiérarchisation pointe son nez aussi dans la numérologie. Le 9 est le le plus élevé des chiffres et cette grandeur est transmise à tous ses multiples. Ils sont tous de rang impérial et divin. A Pékin, le Temple du Ciel en transpose l’esprit de multiples manières. Le parc fait 270 ha (9×30), les marches vont 9 par 9 pour conduire à l’autel du Ciel dont le tertre est entouré de 360 balustrades (9×40), etc.
J’ai lu quelque part [3] que la révolution communiste qui renversait ces pouvoirs, en a installés d’autres et ainsi maintenue une rigoureuse hiérarchisation sociale simplement fondée sur d’autres catégories et ce, même pendant la Révolution culturelle qui nous apparaissait de loin comme une transmutation des valeurs. Voilà qui n’aurait pas étonnée Nietzsche…
L’industrie du contrôle
Venant de France, cette industrie est très visible.
Quand on est en ville, elle se manifeste par les contrôles systématiques de bagages et de sacs dans le métro. C’est un contrôle anodin, routinier, plutôt bienveillant, mais il mobilise trois personnes en permanence, deux pour le visionnement des objets passant sur le tapis, et une autre pour la vérification au corps. Comme il y a des centaines voire des milliers de stations de métro à l’échelle de la Chine, cela fait quand même pas mal d’emploi.
A tous les carrefours importants, il y a un poste de police en préfabriqué ; dans toutes les gares et dans de nombreux musées, il faut scanner sa pièce d’identité pour y entrer. Difficile pour les voyageurs de passer inaperçu.
Pour les étrangers, il y a les déclarations d’hébergement que doivent réaliser les hôtels au plus tard le lendemain de l’arrivée du voyageur.
Quand j’étais à Kunming, avec Shi et Dioni, nous sommes allés nous promener à l’Université. C’était les vacances scolaires, il y avait très peu de monde. Mais en sortant nous avons rencontré un poste de police, dans l’enceinte avec plusieurs véhicules en stationnement, ceux avec lesquels les policiers font leur tournée dans le campus.
Cela m’a valu un dialogue surprenant avec Shi. Je lui disais qu’en France, la Police ne pouvait entrer dans une Université qu’à la demande de son Président et qu’en aucun cas, ils ne pouvaient y séjourner en permanence. Elle fut étonnée et me demanda pourquoi. Je lui ai dit que c’est une tradition très ancienne ; peut-être aussi parce que ça insécuriserait les étudiants et les professeurs. Elle m’a alors répondu : « Eh bien moi, c’est l’inverse qui m’insécuriserait ; qu’il n’y ait pas de policiers pour surveiller ce qui se passe ».
L’acmé du contrôle, c’est sur la Place Tian an men que je l’ai connu, avec une foule énorme faisant la queue et des contrôles au corps appuyés. Une fois parvenue sur la place, j’ai croisé en deux endroits différents des groupes de militaires qui marchaient au pas.
Bon, tout ça, moi je trouvais que cela faisait déjà beaucoup, mais apparemment ce n’est pas suffisant puisque le Premier ministre Chinois, Li Qiang, lors de la dernière Assemblée nationale populaire, a déclaré : « Il faut intensifier le contrôle complet en matière d’ordre public » [4].
Wán ou la vie légère
Lorsqu’un mot d’une langue étrangère doit être traduit en français différemment selon son contexte, on tient là généralement un fait culturel sur lequel il y a tout intérêt à se pencher. C’est le cas de 玩 wán en chinois. Cela veut dire jouer, mais aussi s’amuser, se divertir… C’est un souhait des plus banals adressé à un ami par exemple qui va voyager : 玩得开心 wán dé kāixīn, amuse-toi bien, profites en… Wán, c’est tout ce qui rend la vie légère : jouer aux cartes, bavarder avec des amis, se promener, revêtir un costume de Princesse, aller au restaurant ou au cinéma avec des amis… On peut l’utiliser aussi pour inviter son compagnon ou sa compagne à partager quelques moments charnels : 上床玩一玩吧 Shàng chuáng wán yī wán ba qu’on pourrait traduire par « allons donc sur le lit nous amuser un peu ».
Voici quelques exemples en images fixes et animées, cueillies en différentes occasions, de la façon dont la vie légère s’exprime en Chine sur la voie ou les lieux publics.
Les 汉字 hànzì, une passion chinoise
Les Chinois sont amoureux de leur écriture. C’est la conclusion à laquelle j’arrive en observant la place qu’elle prend dans leurs rues, dans leurs maisons, dans leur vie…
Des travaux de linguistes ont commencé dès l’instauration de la République populaire de Chine pour finaliser une écriture alphabétique, le 拼音 pīnyīn. Celle-ci est devenue la transcription officielle du chinois en 1979. C’est elle que j’utilise dans mes lettres.
Je me suis longtemps demandé pourquoi ils n’en profitaient pas pour romaniser définitivement leur langue, comme les Turcs qui ont abandonné l’alphabet arabe pour le romain. Ce serait tellement plus pratique…
Mais beaucoup d’arguments sont avancés qui s’y opposent. La fréquence de syllabes homonymes par exemple que l’on peut distinguer immédiatement par leurs caractères (汉字 hànzì), ce qui n’est pas possible avec le pīnyīn. Cependant le problème est le même à l’oral et le contexte permet en général de lever ces ambigüités. Le maintien d’une langue écrite commune comprise par tous est aussi en jeu car les idéogrammes n’étant porteurs que de signification et non pas de son, peuvent être compris de la même manière par des communautés chinoises aux langues hermétiques les unes aux autres. Un autre argument majeur, c’est l’impossibilité dans laquelle seraient les lecteurs contemporains d’accéder directement à leur patrimoine historique et l’obligation d’intégralement le traduire en pīnyīn. Toutefois, ce problème existe déjà, du fait de l’évolution de la langue et, plus récemment de la simplification des caractères. Le « patriotisme culturel », un argument qu’utilisait Mao Tse Toung, plaide aussi pour le maintien de cette écriture savante, unique au monde, inventée il y a plus de trois mille ans.
La liste en faveur du maintien est longue et les arguments sont pertinents, mais il me semble que la raison implicite qui commande le tout, c’est que cette écriture symbolique possède aux yeux des Chinois, aussi bien ceux d’hier que ceux d’aujourd’hui, une valeur esthétique, magique, performative.
Il faut en effet être initié pour la déchiffrer et l’initiation est longue. A 7 ans, les chinois ne peuvent lire que des ouvrages simplifiés conçus à leur usage n’utilisant que les 5 à 800 caractères qu’ils arrivent à identifier. Ils sortiront de l’école primaire en en connaissant 2 à 3000 ce qui est suffisant pour lire le journal et pour la vie quotidienne, et de l’Université avec 10 000 en tête ce qui en fait des lettrés maîtrisant le quart des caractères existant.
Leur attachement à leur écriture se manifeste de multiples manières.
A Xi’an, dans un quartier préservé (et reconstruit) du centre historique se trouve un musée, célèbre en Chine. Il rassemble une « forêt de stèles », dont certaines très anciennes, sur lesquelles sont gravées des textes. Elles témoignent de l’évolution de l’écriture à travers les âges. Quand j’y suis passé, la partie musée était fermée pour rénovation, mais une salle rassemblait des copies de ces textes. Il y avait foule. C’est un spectacle assez émouvant de voir ainsi tant de gens se tenant devant ces copies et cherchant à les déchiffrer.
Où pourrait-on en France, comme ici à Xi’an, trouver des rues le long desquelles se succèdent des boutiques qui ne vendent que les 文房四宝 wénfáng sì bǎo, les quatre trésors du lettré : le pinceau, le bâton d’encre de Chine, le papier de riz et la pierre à encre [5] ?
En deux occasions, dans des parcs, j’ai vu des personnes s’adonner à de la calligraphie éphémère. Munies de grands pinceaux remplis d’eau, elles écrivaient sur des pierres des textes. Ici, c’est le poème qui encadre la porte d’un Pavillon du XVII° siècle que cette femme reproduit…
A Chengdu, je logeais dans un hôtel à l’esprit zen.
La salle du petit déjeuner était bien chauffée ; le buffet attrayant. J’y allais tous les jours au petit matin. Par deux fois, je vis des gens prendre en photo l’encadrement de la porte sur laquelle étaient affichées, sur fond rouge, des textes en caractères calligraphiés.
A l’occasion du nouvel an, sur toutes les maisons sont placardées des paroles bénéfiques, des vœux de santé, de prospérité, de bonheur, etc. : les distiques 对联 duìlián sont les lignes poétiques verticales qui encadrent la porte et qui se répondent, et au-dessus d’elle est accroché le commentaire horizontal 横批 héngpī, qui en tire une conclusion ou un enseignement.
Je n’ai pas poursuivi d’enquête pour chercher à comprendre ce que celui de l’hôtel zen avait de spécial, mais il devait avoir un vif intérêt pour qu’ainsi des gens différents, à deux jours d’intervalle, souhaitent en garder une copie.
Ce charme, cette passion, cette magie disparaitrait si ces caractères qui ornent les intérieurs ou les rues étaient écrits avec des lettres latines !
La descente de la Lí en famille d’accueil
Arrivé à 桂林 Guìlín, un gros rhume et une petite fièvre avaient entamé mon énergie. Il faisait froid. J’étais plus attiré par la couette que par l’aventure. Mais j’étais venu là pour descendre la rivière 漓 Lí qui circule dans un enchevêtrement de pains de sucre, si célèbre qu’il fait l’objet d’une reproduction sur les billets de 20 yuans. Alors…
Je ne me sentais pas assez d’allant pour m’engager en solitaire dans une exploration complexe. Aussi suis-je passé par un opérateur qui vient chercher ses clients le matin tôt à leur hôtel et les y ramène tard le soir. Exactement ce qu’il me fallait.
Le lendemain matin, un car est arrivé à l’heure convenue la veille au soir. Nous étions une quarantaine ; j’étais le seul étranger. Dans le car, à peine sortie de Guìlín, la guide qui ne parlait que chinois demande à la cantonade si quelqu’un connaissait l’anglais. Une main se lève. C’est ainsi que j’ai passé la journée avec 汪玉 Wāngyù et son mari, un couple charmant d’Universitaires, qui profitaient des vacances d’hiver pour voyager dans la région avec leur fille de douze ans.
Tout seul, j’aurais rebroussé chemin : il faisait au petit matin autour de zéro degré, il pleuvait averse et le vent soufflait par rafales. La première étape de notre programme fut glaçante. Dommage car les petits radeaux flottants en bambou étaient charmants.
Pour nous rendre jusqu’au quai de départ des bateaux panoramiques, nous avons repris le car mais nous sommes arrêtés en chemin dans un village de la minorité 侗 Dòng. Un guide a présenté au groupe ce village et ses habitants et nous en a même fait rencontré un ou deux. Je n’ai compris que ce que m’en a traduit Wāng : ce sont des villageois pauvres qui habitaient dans les montagnes et que le gouvernement a déplacé ici. On y vit longtemps semble t’il car treize d’entre eux ont plus de cent ans. On a été ensuite conduit dans une grande salle vaguement chauffée par une lampe thermique. Sous le regard surplombant de Mao Tse Toung, le guide nous y a fait une démonstration de massage du cuir chevelu avec le dos d’un peigne en argent, puis, avec le même instrument, a rendu écarlate le dos d’une femme de notre groupe. Pour terminer cette visite incongrue, nous sommes passés par un immense hall, bien chauffé cette fois, sous lequel se tenaient une quinzaine de stands qui vendaient des objets en argent – dont le fameux peigne masseur –. Wāng m’explique que les Dòng sont experts dans cet artisanat. J’ai alors mieux compris la raison de notre passage dans ce village : plusieurs groupes s’agglutinaient autour de différents stands pour y faire des emplettes…
Après cette étape commerciale, Wāng m’a invité à déjeuner avec sa famille. Nous avons ensuite repris le car puis un bateau avec lequel nous avons descendu la rivière. La pluie avait cessé, la température était légèrement remontée, le ciel restait couvert. Nous nous sommes arrêtés devant les pains de sucre de 20 yuans, pour prendre d’immortelles photos.
C’est avec plaisir que je me suis prêté au jeu, pour garder un souvenir de ma charmante famille d’accueil !
Mais finalement, c’est avec ces pastels que ce défilé au milieu des pains de sucre et de pécheurs au cormoran est devenu pour moi le plus poétique.
Les extensions inattendues de l’échange de maison
Je pratique l’échange de maison depuis une vingtaine d’années. C’est certes un moyen de voyager à moindre frais, mais c’est .d’abord une philosophie. Pour s’y adonner, il ne faut pas être arcbouté sur les notions de propriété, de biens matériels ou de sphère privée. On échange, avec des inconnus qui font de même, sa maison ou sa voiture, mais aussi parfois son voisinage ou ses amis.
Aussi, dès que je suis arrivé à Kunming, j’ai cherché sur mon site d’échange, dans les villes où je prévoyais d’aller, si des appartements étaient disponibles. Il y en avait très peu, le plus souvent d’ailleurs, proposés par des expatriés. Je fis donc partout chou blanc, sauf à Shanghai.
C’était la première fois que 周 Zhōu, un chinois parfaitement anglophone, s’y essayait. Il partait au Canada pendant le nouvel an chinois et son appartement était donc disponible. Je ne l’ai jamais rencontré, mais nous avons eu de nombreux échanges épistolaires pendant mon séjour en Chine. Quand il a su que j’allais séjourner à Guilin avant d’aller à Shanghai, il m’a dit qu’il en était originaire et que Shínóng, un de ses amis qui y vivait pourrait m’aider à trouver un hébergement. C’est avec son aide que j’ai choisi mon hôtel.
Arrivé à Guilin, Zhōu m’écrit que son ami et son frère souhaiteraient diner avec moi avant mon départ. Tous deux sont venus me chercher à mon hôtel et m’ont emmené dans un restaurant de spécialités de la région, très fréquenté, aux murs tapissés de feuilles de journaux.
Mes deux convives ne parlaient pas anglais. Nous n’avons pu communiquer qu’avec l’aide du traducteur de nos téléphones, ce qui a évidemment limité nos échanges et leur portée. Cela toutefois n’a pas empêché les gestes amicaux : en me raccompagnant à mon hôtel, Shínóng m’a proposé de me conduire en voiture à l’aéroport. Le lendemain matin, il vint avec sa fille d’une douzaine d’années me chercher à mon hôtel. Il lui suggérait en chinois des questions et elle essayait de me les poser en anglais. Une manière pour son père de lui donner l’occasion de pratiquer la langue de Shakespeare en dehors de son cadre scolaire. Je n’ai pas osé lui dire qu’avec mon accent et mes fautes de grammaire, je n’étais peut-être pas le meilleur des professeurs…
Avant mon arrivée à Shanghai, j’avais envoyé à Zhōu l’avertissement qu’à la douane, un policier avait glissé dans mon passeport : tout étranger qui réside dans un domicile autre qu’un hôtel, ou la personne qui l’héberge, doit en faire la déclaration au commissariat de police dans les 24 heures.

Avant son départ pour le Canada, il s’était renseigné à ce sujet et m’avait donné un lien internet avec lequel je pouvais faire la déclaration sans me déplacer. Malheureusement, ça n’a pas marché, probablement parce que j’ai dû mal renseigner l’adresse. Il a alors appelée une amie qui habite dans le même immeuble. Elle m’a conduit au rez-de-chaussée de l’autre grande tour de la cité, où il y avait, au rez-de-chaussée, un poste de police. En deux temps trois mouvements, ils ont résolu le problème. J’ai découvert ainsi que dans une cité aussi, il pouvait y avoir des gardiens de la paix.
Oyez, oyez bonnes gens, il est onze heures et tout est calme.
Le cirque de Shanghai
Mon logement était situé à 300 mètres du Cirque de Shanghai. L’occasion rêvée d’assister à un spectacle puis de rentrer à pied, avec encore ses éclats dans les yeux, sans être distrait par la circulation ou la foule du métro.
Les numéros étaient souvent originaux même lorsqu’ils appartenaient au patrimoine classique du cirque : équilibristes, jongleurs, trapézistes… Ils combinaient souvent hautes performances et poésie. Mais celui qui m’a le plus étonné est un numéro des temps modernes, pas très écologiques et un peu fou. Soyez patients : il est un peu long, mais ménage quelques surprises ! Le voici, dans son intégralité :
Le premier entré dans cette boule infernale n’en est sorti qu’au bout de six minutes. Comment a-t’il pu ne pas s’abandonner au tournis ? J’imagine qu’une simple maladresse ou le retard d’un chauffeur suffirait à générer un carambolage en chaine. Mais non, ils en sont tous sortis vivants !
Une armée enterrée interdite aux agoraphobes
Xi’an a été la capitale de l’Empire chinois depuis son unification par 秦始皇 Qínshǐhuáng (259-210 avant JC) jusqu’à la chute de唐朝 Táng cháo, la dynastie Táng (618-907). C’est donc une ville qui compte dans l’histoire de la Chine. Elle conserve de ces époques une enceinte rectangulaire en parfait état.
En arrivant devant ces murs, j’ai pensé à Carcassonne, avec des remparts encore plus impressionnants. Mais la comparaison s’est vite arrêtée là, car en fait, à l’intérieur, il n’y a plus que quelques rues et monuments conservés. Tout le reste a été remplacé par des immeubles récents sans intérêt architectural.
La ville est devenue une destination touristique majeure à partir de la découverte en 1974 de l’armée enterrée (兵马俑 Bīngmǎyǒng, les Guerriers et chevaux en terre cuite). C’est aussi une des raisons pour lesquelles je m’y suis rendu. Mais si je pensais avoir compris ce qu’était la foule en visitant la base de reproduction des pandas, ce n’était rien comparé à ce que j’ai vu ici.
Après une heure de voiture, je suis arrivé sur le site. Une guide anglophone m’aborde à l’entrée pour me proposer ses services. Je les décline en lui expliquant que je préférais me débrouiller tout seul. Elle me demande si j’ai un billet d’entrée. Je n’en avais pas. Elle se propose de m’aider à en acheter un, scanne avec mon téléphone un QR code, consulte la date du jour et me livre le verdict : plus de place disponible pour la journée. Ah ben ça alors… Elle me montre alors une porte sur le côté du bâtiment devant lequel nous étions et me dit d’aller voir le guichet qui est à l’intérieur. C’est ce que j’ai fait. Il n’y avait personne dans cette immense salle protégée par un factotum qu’il m’a fallu d’abord convaincre en lui parlant moitié chinois moitié français. La guichetière me demande ce que je veux, m’explique d’abord qu’il n’y a plus de billet puis me demande combien j’en veux. Finalement, elle m’en vend un à prix réduit pour les séniors…
Muni de ce sésame, je me rends vers la fosse numéro 1, la plus célèbre. La queue est immense et fait des circonvolutions. Je découvre qu’il y en a une deuxième aussi longue, plus à droite qui a l’air de se rendre vers le même endroit.
Au bout d’une heure environ, je rentre dans le bâtiment qui couvre la fosse et découvre un immense quadrilatère. Ma file en fait le tour par la gauche, l’autre par la droite, chacune ne voyant – façon de parler – que sa moitié de fosse.
Emporté par cette foule qui s’écoulait avec lenteur et parfois pas du tout, je me suis dit que si je restais à l’extérieur, ça irait plus vite, mais que je sortirai sans avoir absolument rien vu. Ça m’a d’ailleurs tenté un moment. Ça aurait été une expérience originale !
Mais non, la raison m’est revenue et j’ai essayé comme tous les autres de percer le mur humain qui s’interposait en plusieurs couches entre moi et les soldats d’argile. J’avais oublié à mon hôtel mon appareil photo et son puissant zoom optique. Je me suis d’abord demandé si le plus simple ne serait pas de prendre en photo les photos que prenaient ceux qui étaient devant moi. Mais ils bougeaient trop. Voici ce que mon téléphone tendu à bout de bras a pu voir, un peu mieux que moi.
Au bout d’une heure et demie de piétinement, de concassement et de lutte gréco-romaine pour franchir les 260 mètres du demi-parcours, je suis enfin sorti. Evidemment, pour avoir une vue complète de la fosse, j’aurais du recommencer le voyage par la droite, mais le premier m’avait lessivé et même essoré.
Ce petit film rend compte des conditions de cette visite.
Les deux autres fosses, moins célèbres, étaient moins fréquentées. La visite en fut nettement plus agréable, reposante, mais moins épicée.
En 1990, un autre site a été découvert près de Xi’an, le mausolée (汉阳陵 Hàn Yánglíng) du quatrième empereur de la dynastie Hàn (157-141 avant JC). Les statues y sont plus petites que celles de l’armée enterrée chargée de protéger le premier empereur de Chine, Qínshǐhuáng, mais le site n’en reste pas moins très intéressant.
S’il ne faut pas être agoraphobe pour visiter l’armée enterrée, il ne faut pas être kénophobe pour se rendre dans le mausolée Yánglíng.
Quand j’y suis arrivé vers 9h du matin, je me suis demandé où j’étais et où ils avaient bien pu cacher ce qu’il y avait à voir. Il n’y avait alors sur le parking aucune voiture et j’étais le premier client de la guichetière. Celle-ci me fait un geste vague pour m’indiquer une direction au lointain. Je m’y rends en un quart d’heure et trouve, devant quelques bâtiments, un plan pas très compréhensible. Heureusement, dix minutes plus tard arrive un car. Je me dis « Chouette des touristes, je vais pouvoir les suivre ». Mais non, c’était des employés du site, fort avenants. Une guide me montre l’entrée du musée. C’est par lui que j’ai donc commencé, et notamment par découvrir qu’à côté du mausolée a été retrouvé un cimetière de prisonniers, au statut reconnaissable à leurs instruments de contention (col de fer et pied de fer), ceux qui probablement ont participé à la construction du mausolée.
J’ai été absolument seul pendant toute cette visite.
Quand j’en suis sorti une heure plus tard, je suis retourné vers l’entrée, à 500 mètres de là. Toujours pas plus de voitures sur le parking, ni de touristes. Un garde barrière me voyant bien en peine essaie de m’expliquer où est le mausolée. Il me montre un chemin qui descend sous un pont. Je m’avance ; j’hésite ; je reviens vers lui. Il téléphone à son supérieur pour dire qu’il va accompagner un étranger pour le mettre dans la bonne direction – enfin, ça je l’ai imaginé à partir de ses mimiques, puis il m’accompagne jusqu’à une grande route et m’indique par un geste de l’emprunter jusqu’au bout. J’arrive ainsi enfin au mausolée. Il y avait bien quelques personnes dehors, mais à l’intérieur je n’ai croisé que les gardiens.
Vous pouvez maintenant relire le troisième chapitre de cette lettre, pour lui ajouter cette illustration des effets touristiques d’un monde hiérarchisé : tout le monde se rend au même endroit de rang 1 et délaisse ceux de rangs inférieurs… Dommage.
Marga ou le hasard d’une rencontre
Si j’avais su, avant d’avoir réservé mon vol et non pas après, qu’il y avait une ligne TGV directe qui permettait d’aller de Xi’an à Pékin en 4h30 …
Si, à l’aéroport de Pékin, une fois rendue sur le quai, j’avais réussi à commander un taxi par internet et n’avais pas été obligé n’y arrivant pas de finalement rebrousser chemin et prendre le métro pour me rendre en ville …
Si, pour la première fois depuis trois ans qu’elle atterrit à Daxing, le nouvel aéroport de Pékin, elle ne s’était pas trompée de direction en sortant de son avion, ce qui la mit en retard…
Si en attendant la rame, je m’étais placé dans la file de droite et non pas derrière elle sur celle de gauche, peut-être parce qu’elle avait une coupe garçonne et des cheveux gris…
Je n’aurais pas rencontré Marga et pas non plus ses adorables amis.
Elle me voyait dans la file derrière elle, baissant la tête pour regarder mon téléphone puis la relevant pour vérifier la concordance de ce que je lisais avec l’affichage de la ligne. « Je me suis dit que tu avais probablement besoin d’aide ». Aussi s’est elle adressée à moi dans un parfait anglais pour me demander où je voulais aller. On a engagé la conversation ; la rame est arrivée ; on a continué de discuter assis sur le même banc. Très vite, on s’est bien entendu, trouvé des affinités du côté de l’art et de l’intérêt pour nos cultures et leur métissage.
J’avais réservé un appart hôtel appartenant à une chaine, mais comme il y en a plusieurs du même nom à Pékin, je n’avais pas utilisé la bonne adresse sur mon application. Elle la corrige sur son téléphone, compose le bon itinéraire et me l’envoie. C’est ainsi grâce à elle que je suis arrivé à bon port.
Marga est une artiste qui vit et travaille à Canton. Elle venait à Pékin pour une dizaine de jours, voir ses parents et ses amis. Dans les années 10 (2010. Eh oui, on a changé de siècle !), elle est allée étudier l’art occidental pendant quatre ans, à l’Académie des Beaux arts de Brera, à Milan. Ce qu’elle cherchait m’a-t-elle dit ce n’était pas tant d’intégrer dans son travail des façons de faire occidentales que de savoir ce que devait être l’art aujourd’hui.
Le lendemain nous avons continué d’échanger par Wechat. Je l’ai invité à prendre le thé en lui demandant de choisir l’endroit. Nous nous sommes retrouvés ici…
dans ce salon de thé que venait d’ouvrir un couple d’amis. Ils ne parlaient pas l’anglais, mais Marga nous servait de traductrice.
Tous deux travaillaient dans la construction. L’épidémie de Covid a ébranlé leur routine professionnelle et ils se sont interrogés sur l’intérêt d’une course exclusive après l’argent. Ils ont alors décidé de donner une nouvelle orientation à leur vie en ouvrant ce salon de thé, qui est aussi une galerie d’art et un restaurant.
La veille de mon départ, Marga m’a invité à diner dans ce même salon. Elle avait également convié Susan, une amie rencontrée à Canton qui depuis un an était revenue travailler à Pékin. C’est une ingénieure en électricité qui a changé de vie il y a quelques années en devenant 茶师 chá shī maitresse de cérémonies du thé (je ne savais pas que c’était un métier) et en assurant des traductions de l’anglais vers le chinois. Elle s’est lancé dans l’apprentissage du français, après avoir vu m’a-t-elle dit « Paris, je t’aime » parce que c’est une langue qui lui est alors apparu capable de dire avec subtilité des choses du cœur.
A l’issue du repas, nous sommes allés prendre le thé et poursuivre nos discussions. Alors que nous allions nous séparer, l’ami de Marga propose de me faire conduire à l’aéroport avec sa voiture. Je l’ai remercié, mais lui ai dit que je pouvais très bien réserver un taxi. « Oui, nous savons que tu sais le faire, mais ça nous ferait plaisir que tu acceptes ».
Le lendemain, la gérante du Salon de thé et Susan m’attendaient dans le hall de mon hôtel et m’ont accompagné à l’aéroport, dans une Porsche…
En guise de conclusion
Finalement, j’ai adoré ce voyage-écriture.
Vivre tout simplement puis cueillir, au milieu de cette vie, des moments, éprouver le plaisir de les conter, choisir un angle un peu décalé pour chacun d’eux, combiner texte et images, intégrer la langue chinoise dans la réflexion, ne pas hésiter à parler du contexte parfois même que de lui, revivre donc ces moments un peu vieillis comme le bon vin…
J’ai aussi beaucoup aimé lire les commentaires qu’ils ont générés, ceux qui sont sur le site, mais aussi beaucoup d’autres, privés, qui m’ont été adressés par mel, whatsapp, visio ou oralement à mon retour. Ils ont largement contribué à me convaincre de persister dans cette voie.
Et puis, c’est une belle économie : ça fait deux voyages pour le prix d’un !
*****
Voilà. Cette histoire est finie. J’étais à la fois très content de rentrer et saisi de l’envie d’y retourner rapidement une fois digérée cette aventure : je me suis vraiment attaché à cet étrange pays et aux gens qui le peuplent. J’espère dans mes lettres leur rendre suffisamment hommage.
Peut-être à suivre donc.
民心
[1] Le Qīnghǎi est une province située au nord du Tibet et du Sichuan. Elle est plus grande que la France (721 000 km2) et beaucoup moins peuplée ; elle ne rassemble que 5,6 millions d’habitants.
[2] Voir « Lecture enchevêtrée au voyage » dans la quatrième lettre
[3] C’est dans un des ouvrages que le sinologue Belge Simon Leys a consacré au pouvoir communiste et à sa politique, pour en dénoncer les exactions, à une époque où les intellectuels français couvraient d’éloge la Révolution culturelle ; mais je ne sais plus lequel : Les habits neufs du Président Mao, Ombres chinoises ou Images brisées ?
[4] Source : article « En Chine, Li Qiang veut rassurer sur la capacité de son pays à faire face aux défis économiques », Le Monde, 5 mars 2024
[5] Les calligraphes contemporains n’utilisent plus, sauf exception, le bâton et la pierre à encre. Les bouteilles d’encre liquide sont beaucoup plus pratiques…














Qu’il est bon de te lire quand ton encre est celle de ton coeur!
Qu’il est bon de te lire quand ton encre est celle de ton coeur!
Qu’il est bon de te lire quand ton encre est celle de ton coeur!
Merci beaucoup pour ces partages. J’ai beaucoup apprécié ces aperçus d’une société à la fois ressemblante et si différente de la nôtre, avec ton regard ingénu et aiguisé.
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