
De cette dernière semaine, je n’avais pas laissé de trace sur Instagram. La voici, six mois plus tard.
Pour la dernière étape de mon périple commencé 5 mois plus tôt, Françoise m’a rejoint. Youpi ! C’est bien les voyages en solitaire, mais en couple, c’est évidemment plus goûteux. Ils multiplient les regards, le partage des sensations, des tendresses, des réflexions, des étonnements…

Il y a le voyage et il y a le tourisme. On a fait un peu des deux à San Francisco.


Des hôtes merveilleux !
Comment ne pas commencer par eux ?

J’avais cherché une chambre dans le centre ville et par chance, en avais trouvé une dans la maison de John et Renato. C’est Renato, un Brésilien naturalisé Etatsunien qui nous a accueilli, John ne revenant de voyage qu’en milieu de semaine.
Ils ont tous deux été chaleureux et généreux, comme si nous étions des amis de la famille. Et à la fin de semaine, c’était devenu un peu vrai !

Leur maison victorienne est charmante. Au cœur du quartier historique d’Haight Ashbury, proche du Parc de la Porte Dorée, des commerces, des transports en commun… La chambre qu’ils nous avaient attribuée était à l’étage, confortable et un peu petite, mais comme nous pouvions librement circuler et profiter au rez-de-chaussée de la cuisine, du salon cosy et de la petite cour intérieure, tout nous paru très grand !
Un matin, John nous a conduits sur quelques hauteurs des environs d’où l’on pouvait admirer la ville et la Baie.

Il nous a ensuite invités à visiter avec lui une exposition de photographies d’Ansel Adams, dont voici le magnifique autoportrait qui servait d’affiche à l’évènement :

Visiter San Francisco avec une intelligence artificielle comme guide
Lorsque j’étais à Tahiti, j’ai rencontré lors d’une randonnée, un Français qui vivait à Los Angeles depuis de nombreuses années et était venu avec son fils qui adorait le surf et rêvait de connaître les fameux rouleaux de Polynésie. Le père travaillait dans le design de luminaires. Dans la discussion que nous avons eu sur son métier, il me dit incidemment que depuis qu’il utilisait ChatGPT, il gagnait énormément de temps dans les tâches en amont de ses créations.
J’avais cette conversation en tête quand je suis arrivé à San Francisco. Comme j’avais 3 heures d’avance sur Françoise qui venait de Paris et rien de spécial à faire dans l’aéroport en l’attendant, j’en ai profité pour m’abonner à ChatGPT et explorer ses potentialités.
J’ai commencé par lui demander ce qu’il nous conseillait de visiter dans la ville, sachant que nous allions y rester une semaine. J’ai été d’abord surpris par le français utilisé dans sa réponse, de bien meilleur qualité que celui obtenu par les traducteurs numériques. Puis, à partir de cette première réponse qui m’a paru judicieuse et bien formulée, je me suis pris au jeu. Je lui ai demandé des précisions sur le quartier où nous allions loger, sur Alcatraz, la Porte d’or, le quartier chinois, etc. J’ai ainsi en deux heures construit grâce à une intelligence artificielle un petit guide touristique de quelques pages sur San Francisco. N’en ayant pas d’autre, c’est avec lui que nous avons souvent décidé des lieux que nous allions explorer.
Quelques temps plus tard, j’ai transmis à ma fille les questions que j’avais posées et les réponses obtenues, en lui demandant de me dire si ChatGPT avait fait beaucoup de fautes d’orthographe. Elle m’a répondu : « beaucoup moins que toi dans tes questions ! ».
Bluffant !
A Haight – Ashbury, des survivances d’un Eté d’Amour

C’est un quartier bourgeois dont les belles maisons victoriennes ont résisté au séisme de 1906 qui avait balayé la ville. Après la seconde guerre mondiale, les populations fortunées qui l’occupaient l’ont quitté, remplacé par de plus déshérités. Les loyers y sont alors devenus parmi les plus faibles de la cité.
En 1967, San Francisco a été l’épicentre du mouvement hippie. En janvier de cette année là, 30 000 d’entre eux sont venus écouter le Festival Human Be-In qui diffusait de nouvelles musiques, rompant avec les standards de rock qui prévalaient alors. Ils ont envahi le quartier de Haight-Ashbury aux loyers raisonnables, et les pelouses du Golden Gate Park.
Après le festival de Monterrey en juin qui a rassemblé 80 000 personnes, ils sont revenus dans ce même quartier y passer tout l’été pour ce qui a été baptisé le Summer of Love.
Opposés à la guerre du Viet Nam, consommateurs assumés de drogues dures, ils ont été porteurs de messages d’amour, de libération sexuelle, de solidarité, d’écologie, de voyages… qui ont aussi fait des petits aux Etats Unis et en Europe.
Mais le quartier a peu à peu aussi rassemblé des dealers, des mendiants, des bandes organisées. Des viols, des vols ont eu lieu, salissant leur mouvement. Ils ont alors, à l’automne, migré vers les communautés pacifiques de la côte.
En 2023, il reste quelques traces de cette histoire : des maisons où les stars ont habité, comme celle de Jimmy Hendrix, repeinte en rouge après son décès, ou celle de Janis Joplin. Et dans la rue Haight, de nombreuses boutiques qui font commerce de nostalgie : encens, fripes colorées, tissus indiens, affiches de spectacles, disques 33 tours… et de temps à autre des vendeurs en tenues hippies.

Et dans le Parc, devant le Conservatoire de fleurs, le rappel discret d’un amour qui a sombré.

C’est un quartier très agréable, animé, aéré avec beaucoup de bars, de restaurants, des commerces alimentaires, de splendides maisons… C’était un vrai plaisir de le retrouver de retour de nos pérégrinations dans la ville et de l’arpenter bras dessus bras dessous.
La Maison bleue, si sage !
Nous l’avons évidemment cherché, cette « maison bleue adossée à la colline » qui nous avait fait fantasmer. On a pas mal tâtonné, jusqu’à ce qu’une petite affiche accrochée à un mur nous garantisse que nous l’avions trouvée.
Le rêve s’est alors un peu brisé. C’est une maison bourgeoise, proprette, entourée d’autres maisons bourgeoises, proprette. Elle est peut-être adossée à une colline, mais la colline, de la rue, on ne la voit pas. La porte du garage n’est sûrement pas celle dont « on a perdu la clé » ; pas d’herbe non plus dans laquelle « rouler et s’enlacer »…

Au fond, cette maison, ce qui la rendait unique, c’était évidemment « Lizzard, Psylvia et Luc », tous « ceux qui viv(ai)ent là » et qui n’y sont plus…
La Baie de San Francisco
C’est un cliché certes, mais la Baie a bien des raisons de l’être devenu. C’est un site naturel magnifique, un immense espace marin protégé des vagues du Pacifique par une entrée étroite, entouré de collines pentues. Cette entrée d’ailleurs, souvent cachée par le brouillard, échappa longtemps aux navigateurs Européens. Elle ne fut découverte qu’à la fin du XVIII° siècle.
Quant au pont rouge, racé, qui enjambe son ouverture depuis 1937, il ne fait qu’ajouter une belle touche humaine, ingénieuse, à une nature spontanément généreuse.

C’est sous un soleil gris et triste que nous avons fait le tour en bateau de l’île d’Alcatraz, et admiré sur ses pentes ceux qui ont toujours su comment s’en évader…



Une Trumpiste, à l’aéroport
Pas de photo pour illustrer cette rencontre, mais un souvenir encore tout chaud.
Nous étions arrivés largement en avance à l’aéroport pour prendre notre vol vers Paris. Nous prenions un café sur une longue table où nous étions d’abord seuls. Puis une femme est venue s’y asseoir. Elle nous lançait des regards qui montraient qu’elle avait envie de discuter avec nous. Je lui ai tendu une perche qu’elle a saisie goulument et elle ne nous a plus lâchés.
Je ne me souviens plus des détails de cette conversation que ma maîtrise moyenne de l’anglais avait de toute façon un peu hachée. Il m’en reste de la véhémence, par exemple contre l’Etat de Californie qui autoriserait le changement de sexe à des jeunes alors qu’ils ne sont pas encore majeurs ( ?) ; contre Joe Biden, un piteux et sénile Président des États-Unis ; je me souviens aussi de son éloge de Trump et plus encore, car moins enfoui sous les affaires, du jeune Gouverneur de Floride. Un flot de parole que l’on ne pouvait arrêter, ponctué d’exigences d’approbation. Françoise a été assez vite agacée ; moi aussi évidemment, mais en même temps intéressé : c’est la première fois que je rencontrais une MAGA (Make America Great Again) en chair et en os ! Une expérience d’ethnologie en quelque sorte.