L’écriture est l’invention humaine à mes yeux la plus extraordinaire. Qu’il en a fallu du temps pour en accoucher !
Elle est née au néolithique, quand apparaissent l’agriculture, les cités et les premiers Etats, d’abord semble t’il pour des raisons économiques et politiques : pour compter, consigner, collecter l’impôt, donner des ordres… Mais elle est très vite sortie de son berceau pour gambader au milieu des cultures populaires et enregistrer leurs plus belles œuvres. Elle est aussi la mère ignorée de bien des inventions.
C’est un art en soi, à la fois signe et sens, indissociablement. Depuis mon plus jeune âge, elle exerce sur moi une fascination hypnotique, surtout celles auxquelles je n’ai pas accès : le grec, le cyrillique, les hiéroglyphes, l’hébreu, l’arabe, le chinois… Pures formes pour moi coupées de leur signification. Une sorte de scandale qu’heureusement Champollion et bien d’autres savants ont su ne pas admettre de celles qui n’ont plus personne pour les faire parler.